La conférence des Trois

Des divergences ?

Il ne faut pas s'étonner de ces divergences. Elles sont fatales dans une coalition au moment où celle-ci va atteindre son but. Ces peuples ont été rassemblés en quelque sorte accidentellement par un danger commun. Que ce danger s'écarte, les oppositions de leurs intérêts, de leurs sentiments, de leurs principes, doivent automatiquement reparaître. Il ne faut pas non plus s'exagérer ces divergences. Leur caractère limité est vite apparu. La nomination de M. Stettinius est, nous l'avons dit, un signe de compréhension des États-Unis à l'égard de la Russie. Par ailleurs, un discours fort important de M. Vandenberg, sénateur américain, qui fut un champion de la méfiance à l'égard de l'Europe, a sonné comme un glas de l'isolationnisme, prouvant que les critiques anglaises avaient poussé les États-Unis à un certain examen de conscience.

Quoi qu'il en soit, cette espèce de flottement entre les Alliés exigeait une rencontre de leurs chefs d’État, même si celle-ci n'avait pas été postulée par la manière dont les problèmes se précipitent à la suite de l'avance russe. Cette réunion a lieu au moment où nous écrivons ces lignes. Du moins, nous le pensons, car le plus grand mystère – un mystère que j'oserais dire retentissant – a régné autour de cette réunion.